Avez-vous déjà entendu parler des  » femmes de réconfort »?

La Corée est sous occupation Japonaise. La pratique des coutumes coréennes ( culte, art, musique) est illégale. Les autochtones n’ont pas le droit d’écrire ou de parler leur langue. Ils sont enrôlés de force pour participer à la guerre contre la Chine qui bat son plein.

Les Japonais croient qu’abuser des femmes les rend plus forts avant de partir au combat ; les aide à gagner la guerre.

Alors, pour donner aux soldats cette impression de force, pour les maintenir concentrés au front, quelqu’un à l’ignoble idée d’enlever des jeunes filles, non Japonaises en majorité, qui seront enfermées dans les camps pour assouvir les désirs sexuels des combattants. Ce sont ces filles, violées pendant des années, humiliées, battues qui ont été appelées  » femmes de réconfort ». Quelle honte !

Hana vit avec sa famille sur l’île de Jeju. Là-bas ce sont les femmes, les haenyeos, qui pratiquent la pêche en plongée sous marine. Elle est aussi habile que sa mère. Sa petite sœur Emi est encore trop jeune et se contente pour le moment de surveiller les prises, assise sur la plage.

Un jour, Hana en pleine pêche repère un danger. Un soldat Japonais se dirige droit vers Emi. Hana a promis de protéger sa petite sœur. Alors elle nage à toute allure, réussit à atteindre le rivage et met Emi hors de la vue de l’homme. Elle va vers lui, seule, et finit par se faire enlever docilement. Elle ne crie pas, de peur que sa sœur veuille la défendre et sorte de sa cachette. Voici comment Hana devient une « femme de réconfort ».

Le livre donne tout à tour la parole à chaque sœur. D’un côté Hana en 1943, qui vient de se faire enlever. Elle découvre en Mandchourie la vie (ou la mort) des  » femmes de réconfort ». Dix heures par jour, six jours par semaine, Hana « sert » les soldats. Vingt hommes abusent d’elle quotidiennement. Les soldats ont droit à 30mn et les officiers à 1h.

Puis de l’autre côté on a Emi en 2011 qui porte en elle le fardeau du désespoir et est rongée par les regrets. Plus de cinquante ans après, elle a honte d’avoir été lâche, de ne pas avoir défendu sa sœur,d’avoir gardé le silence. Elle recherche désespérément les traces d’Hana.

Le livre est tout bonnement révoltant. J’ai dû faire de nombreuses pauses pour ne pas craquer. Si Hana a connu des atrocités, Emi aussi. Finalement personne n’échappe à une forme de souffrance, peu importe les efforts déployés pour protéger ceux qu’on aime.

En outre, les nations que nous admirons aujourd’hui ont pour la plupart un lourd passé. Leur succès actuel a trop souvent été bâti en piétinant d’autres plus faibles.

Aujourd’hui, même si les chiffres sont contestés, il y aurait eu entre 50 et 200.000 jeunes filles Coréennes réduites en esclavage sexuel par le Japon.

Mais ce n’est pas le procès du Japon dont il est question ici. En tout cas pas uniquement. Le livre aborde aussi la guerre de Corée. Une fois les Japonais partis, ce sont les Coréens entre eux qui se sont déchirés, entretués. La cruauté finalement n’a pas de visage ou de nationalité. En chaque Homme sommeille une part d’ombre que les lois, l’éducation, la foi maintiennent endormis. Il suffit pour certains d’un peu de chaos, d’un peu de pouvoir pour réveiller la bête. Il est crucial de se souvenir pour tirer des leçons pour l’avenir et briser ces cycles d’horreurs.