Originaire du Burkina, Safora vient d’une famille pauvre avec laquelle elle n’a plus de contact. Elle essaie tant bien que mal de survivre dans la jungle abidjanaise en vendant des parapluies et autres accessoires dans la rue. Cela lui permet juste de subvenir à quelques menus besoins et de payer sa part du loyer de la cabane en bois qu’elle partage dans un quartier précaire avec ses amies Sanatha et Aliman. Malgré ses difficultés, Safora se refuse à pratiquer le plus vieux métier du monde comme ses colocatrices.
Un jour de pluie, elle rencontre Monsieur Sidy Koné à qui elle vend un parapluie. Mais il souhaite bien plus. Le riche homme d’affaires est amoureux de Safora, qui a beaucoup de mal à comprendre comment un homme de son calibre peut s’intéresser à elle. A force de persuasion, Safora finit par accepter ses avances et devient son épouse. Adieu les fins de mois difficultueuses. Adieu l’épée de Damoclès d’un éboulement de terrain ou d’une inondation à chaque pluie. Safora entame une vie qu’elle n’imaginait pas dans ses rêves les plus fous. Les affaires de son mari sont très prospères et Sidy Koné est aux petits soins de son épouse qu’il couvre de cadeaux luxueux.
Safora dans l’abondance décide de ne pas profiter seule des largesses de son époux. Elle donne sans compter. Elle donne à ses amis. Elle donne aux parents de son mari. Elle donne à des connaissances. Elle donne même à des inconnus.
« J’avais les moyens de le faire, mon époux m’avait ouvert un compte bancaire qu’il approvisionnait régulièrement pour me mettre à l’abri du besoin. Je ne faisais donc aucune difficulté pour aider les gens chaque fois que j’étais sollicitée. Dans notre association, je finançais presque toutes les activités : les mariages, baptêmes et surtout les funérailles. »
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Mais elle apprendra à ses dépens que le bienfait n’est pas toujours apprécié et la gentillesse souvent mal récompensée. Quand survient le décès de son mari, tout s’écroule autour d’elle.
Safora, comme la plupart des ouvrages de Anzata Ouattara que j’ai lus, est assez facile à parcourir. Quelques heures suffisent à venir à bout des 139 pages. Les mots sont simples, pas de tournures à vous faire consulter le dictionnaire à chaque page. Je l’ai lu juste après « Co-épouse, co-veuve ». Voir le traitement des veuves dans cette autre culture donne envie de s’arracher les cheveux. Est-ce qu’il existe en Afrique des peuples qui les traitent avec respect et considération ? Si vous avez des liens n’hésitez pas. Ces derniers temps je suis tombée sur plusieurs articles traitant du sujet et ce n’était pas très gai non plus.
Safora questionne également notre générosité, notre solidarité face aux besoins des autres. Faut-il tout donner en s’oubliant soi-même ? A qui peut on s’en prendre quand l’autre n’éprouve aucune gratitude, aucune reconnaissance pour le bien qu’on lui a fait ? A qui peut-on en vouloir si on a préféré donner aux autres plutôt que d’économiser ?
La fin m’a laissée sur ma faim mais ouvre de nouvelles perspectives pour Safora.
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