À 25 ans, Dina Miller est une espionne israélienne redoutable. Derrière son apparence fragile, elle a déjà éliminé plusieurs criminels nazis cachés sous de fausses identités à travers le monde.
Le mode opératoire est le même. Elle les rencontre « par hasard », les aguiche quelques temps, leur donne rendez-vous dans un motel sordide et les tue quand ils sont le plus vulnérables. Vite fait. Bien fait.
Dina arrive enfin au dernier nom sur sa liste de gens à abattre. Cette fois le coupable doit être pris vivant et extradé en Israël pour être jugé. Bien sûr, elle sait que sa cible, le Docteur Otto van Maiden, alias le « Chirurgien de Buchenwald » alias Oscar Stanford, ne la suivra pas docilement. La mission s’annonce difficile. En plus, elle aura lieu aux États-Unis et durera plusieurs mois.
Elle décide de se rapprocher de Cherry, la femme du Docteur, afin de connaître leurs habitudes et identifier le meilleur moment pour frapper.
Dina s’installe à Huntsville en Alabama, endosse le rôle d’une jeune veuve et trouve un emploi de serveuse. Elle essaie de s’intégrer à la petite communauté rythmée par les expériences scientifiques de la très jeune NASA qui y a ses locaux.
C’est l’année 1961. La Russie vient d’envoyer Youri Gagarine en orbite et les américains veulent à tout prix réussir le même exploit. Le Docteur Oscar Stanford est d’ailleurs chef de l’équipe médicale de la NASA. Il fait partie de ces criminels de guerre à l’expertise scientifique si remarquable que les USA ont décidé de faire l’impasse sur leur crime et leur offrir l’asile et une nouvelle vie sous un nom d’emprunt. C’est la guerre froide et les Américains ne veulent pas que les technologies développées par les Allemands tombent entre les mains des Russes. Mais Israël n’est pas de cet avis. Pour le Mossad, les criminels doivent mourir ou être jugés.
Alors que les semaines deviennent des mois et que la mission s’éternise, Dina commence à avoir des doutes et s’attache à Cherry.
Avec ce livre, je crois avoir compris ce que les anglophones appellent « page-Turner ». Les chapitres sont courts avec des titres intrigants. Ils tiennent en haleine et donnent envie de tourner la page.
Au chapitre 19 Dina pose une question à Cherry: » Considères-tu que la vérité doive primer sur le bonheur ? ».
Dina se demandait si elle devait informer Cherry que son mari était un ancien Nazi ou la laisser vivre son bonheur factice.
C’est une question ma foi qui m’a donnée à réfléchir. Est-ce que je préférerais connaître une vérité qui me rendrait triste ou bien rester dans une ignorance heureuse ?
Je pense que j’aimerais savoir la vérité, car tôt ou tard, elle se saura. Et elle salira le bonheur précaire et en sursis qu’on pensait vivre. Autant crever l’abcès et faire les choix qui s’imposent: partir ou rester. Au moins la décision sera éclairée.
Le dernier chapitre est un délice. C’est d’ailleurs là que Zoé Brisby pose une série de questions tellement pertinentes.
Les avancées scientifiques justifient-elles tous les sacrifices ? Un avenir interstellaire, certes brillant, justifie-t-il ce genre de procédé ?
La grandeur d’un homme se mesure-t-elle à l’héritage scientifique qu’il laisse ou au bien qu’il a fait ?
L’égo d’un pays doit-il l’emporter sur ses valeurs morales ?
Quand j’ai découvert dans le mot de l’auteur que tous les éléments historiques évoqués étaient réels, ça a été un choc. L’opération Paperclip a bien existé. C’est une opération menée à la fin de la Seconde Guerre mondiale par l’état-major de l’armée des États-Unis afin d’exfiltrer et recruter près de 1 500 scientifiques allemands issus du complexe militaro-industriel de l’Allemagne nazie pour lutter contre l’URSS et récupérer les armes secrètes du Troisième Reich.
Je recommande ce roman. Il est simple, immersif, sans prétention, mais tellement addictif.
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