J’ai deux fils. Numéro 1 a 5 ans et Numéro 2 en aura 3 cette année. Le petit dernier est dans sa phase « Non-Non » depuis de longs mois. Un véritable spécialiste de la phrase négative.
« Moi, je ne veux pas me laver. »
« Moi, je ne veux pas sortir de la douche ».
« Moi, je ne veux pas enlever ma couche ».
« Moi, je ne veux pas porter de couche ».
Ça donne envie de distribuer des fessées à tout-va. Et pourtant c’est une phase importante du développement de l’enfant par laquelle nous sommes aussi passés à un degré plus ou moins similaire. Numéro 1 par exemple était beaucoup plus facile à vivre à cet âge.
Numéro 1 justement, parlons de lui. Il faut gérer ses sentiments. Il ne comprend pas qu’on passe certains caprices à son frère. Pour lui « il est petit, il ne comprend pas ce qu’on lui dit » n’est plus une excuse convaincante. Effectivement, Numéro 2 comprend tout mais se plait à faire de la résistance.
Comment éduquer deux enfants qui sont à des stades différents de leur développement alors qu’ils vivent tous les deux dans le même espace ? Comment leur faire comprendre qu’en fonction de leur âge, ce qui est bon pour un ne l’est pas pour l’autre ?
Je discutais avec une maman qui m’a fait les éloges d’un très bon livre. J’ai été surprise d’entendre « tout se joue avant 6 ans ». Je l’avais reçu 2 ans plus tôt comme cadeau d’anniversaire et je l’avais posé dans un coin. La taille de la police était vraiment petite et j’étais dans une période de flemme littéraire. J’ai donc cherché puis retrouvé l’ouvrage plusieurs mois plus tard.
L’enfant un stade après l’autre
« Tout se joue avant 6 ans » du Docteur Fitzhugh Dodson nous présente les différents stades de la vie de l’enfant, de sa naissance à sa 5e année. On y parle entre autre, de la première enfance, des premiers pas, de la première adolescence et de l’âge préscolaire. C’est un livre qui s’adresse surtout aux mères, même s’il a été écrit par un homme. Il montre quelques similitudes entre les méthodes de dressage des animaux et l’éducation d’un enfant. Il enseigne comment aider l’enfant à développer son concept de soi, comment le protéger sans en faire trop, comment affirmer son autorité parentale, à quel moment donner la fessée. J’ai été assez surprise qu’un livre écrit par un occidental vante les mérites de la fessée. Bien-sûr le Dr Dodson décrit dans quelles conditions elle doit être administrée. Il invite également les parents à ne pas différer les punitions.
« Un enfant comprendra très bien que vous le frappiez quand vous êtes en colère. Il sait que vous êtes furieux contre lui et pourquoi. Ce qu’un enfant ne comprend pas, c’est, s’il désobéit à sa mère à dix heures du matin, qu’elle lui dise : « Très bien mon garçon, ton père règlera cela ce soir en rentrant ! » Et quand le père rentre à la maison, on le charge d’administrer une fessée qui, pense-t-on « donnera une bonne leçon à l’enfant ». Or c’est ce genre de correction donnée de sang-froid qu’un enfant ne peut ni comprendre, ni pardonner. P202
Des exemples pratiques du quotidien
J’ai aimé le livre parce que j’ai reconnu plusieurs situations que je vis au quotidien. De plus il y a des exemples très pratiques avec des histoires vraies :
- Que faire quand vos enfants se battent ?
- Comment réagir quand un enfant a peur d’aller se coucher parce qu’il y a un monstre dans sa chambre ?
- Comment faire si votre enfant fait une crise de colère dans un supermarché ou un parc ? Si vous avez le temps ? Si vous êtes pressé ?
- Que faire si votre enfant a une attitude qui ne vous plait pas ? Si son comportement est dangereux ou non ?
- Comment apprendre à l’enfant à être propre ?
- Comment choisir des livres et des jouets pour votre enfant ?
Cette partie sur les jouets a été une vraie illumination pour moi. On a tendance à aimer les jouets électroniques. On pousse un bouton et on regarde l’enfant s’émerveiller devant le jouet qui se déplace. Le Dr Dodson nous dit que « Si 90% du jeu viennent de l’enfant et 10% du jouet, c’est un bon jouet. » Si on donne à un petit garçon un chien qui fonctionne avec des piles, tout ce que l’enfant peut faire est appuyer le bouton et regarder le chien faire ses acrobaties. Le jeu fait 90% de l’action et l’enfant 10%. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il s’en lassera très vite et cherchera à le casser. Par contre, si vous lui donnez des cubes en bois ou des légos, c’est l’enfant qui agit, décide, apprend, libère sa créativité et sa confiance en soi. D’autres critères comme l’âge, la solidité, l’aspect éducatif et amusant, entrent également en ligne de compte dans le choix du jouet idéal.
Une dose de discernement
Pour être honnête, je dois avouer que je ne tenterai pas de reproduire certains conseils du Docteur. Il soutient par exemple que voir Papa faire pipi debout encouragera le petit garçon à délaisser la couche et le pot pour faire pipi dans le WC également. Montrer sa nudité à ses enfants est un concept auquel je n’adhère pas. Puisque le Docteur Dodson encourage lui-même dans son ouvrage à ne pas tout appliquer systématiquement, je vais le prendre au mot sur ce coup.
C’est un livre que je conseille en tout cas. Il permet de mieux comprendre la psychologie de l’enfant. Parfois, submergé par nos contraintes on oublie de laisser les enfants être des enfants. On veut que notre bébé de 1 ou 2 ans puisse être calme à nos côtés pendant des heures dans une salle d’attente, au restaurant, à l’église. C’est un enfant. Il a besoin de bouger, de courir, de sauter, de crier, d’être un enfant.
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