Une des choses que j’aime chez Unicef, ce sont les chiffres que cet organisme publie et l’art consommé du storytelling avec lequel il les partage. Sur son nouveau site internet auquel vous pouvez accéder en cliquant ici , je ne suis pas déçue: statistiques pertinents et histoires émouvantes se rencontrent.
Le saviez-vous ? Chaque jour, Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, produit 288 tonnes de déchets plastiques. Seulement 5% de ces déchets sont recyclés. Ce recyclage se fait souvent de façon informelle par des femmes qui trouvent ainsi de quoi subvenir aux besoins de leurs familles. Âgée de 30 ans, Adja a trois enfants. Elle parcourt 3 km à pied tous les jours pour aller ramasser des déchets plastiques à la décharge. Une activité qui n’est pas sans risques.
« Quelquefois, le plastique ne se vend pas bien et nous devons le conserver chez nous pendant des semaines. Cela rend nos enfants malades mais nous n’avons pas d’autres possibilités que d’attendre que le prix augmente de nouveau », explique-t-elle.
Oui, les déchets plastiques peuvent rendre malades. D’ailleurs 60% des cas de paludisme, de diarrhée et même de pneumonie sont liés à une mauvaise gestion des déchets plastiques. Comment ? C’est simple. Le plastique conservé dans les maisons n’est souvent pas désinfecté, ce qui facilite la propagation de maladies. Celui abandonné dans les rues, bloque les systèmes d’écoulement des eaux et créent ainsi des zones où pullulent les moustiques. La pollution aérienne causée par l’incinération de plastique entraîne des infections respiratoires.
Comme Adja, de nombreuses femmes tirent leur maigre revenu des déchets plastiques. Un revenu qui ne leur permet même pas de gagner suffisamment pour inscrire leurs enfants à l’école et leur offrir l’espoir d’un avenir différent du leur. Parmi les enfants déscolarisés de la Côte d’Ivoire, plus de 800 000 sont issus de ménages vivant dans la pauvreté. En outre, il faut admettre qu’il n’y a pas suffisamment d’écoles pour accueillir tout le monde. Dans les quartiers défavorisés surtout, les salles de classe sont surpeuplées et ne permettent pas un apprentissage adéquat. Les conditions de travail sont très difficiles pour les enseignants.
Pour relever ces défis, l’UNICEF s’est fixé un objectif ambitieux : transformer tous les déchets plastiques en matériaux de construction de salles de classe. ConceptosPlasticos, une entreprise sociale colombienne, a mis au point une technique permettant de fabriquer à partir de plastiques autres que le PVC des briques qui sont moins chères, plus légères et plus durables que les briques classiques.
La première salle de classe africaine en plastique recyclé a été construite au début de l’année 2018 à Gonzagueville, et les cours commenceront ce mois de janvier. Elle a été bâtie en cinq jours seulement, ce qui est très différent des neuf mois et de la longue formation nécessaires pour construire une salle de classe selon les méthodes traditionnelles. Des performances remarquables qui pourraient bien révolutionner tant le milieu de l’assainissement urbain que celui de l’enseignement en Côte d’Ivoire et ailleurs.
Les briques en plastique, comparables à des blocs de Lego, ont été assemblées à l’aide seulement d’un marteau pour en faire une salle de classe. Aucune formation préalable n’était nécessaire. Le coût est inférieur de 40 % à celui des salles de classe traditionnelles.
« Cette méthode novatrice de transformation des déchets plastiques en briques destinées à la construction pourrait créer des débouchés à partir du problème de la gestion des déchets plastiques, en donnant accès à l’éducation grâce à la construction d’écoles, en renforçant le pouvoir d’action de ces populations tout en nettoyant l’environnement. »
Norman Muhwezi, spécialiste de l’innovation à UNICEF Côte d’Ivoire
Des recherches indiquent que dans les 30 ans à venir, la production mondiale de plastique pourrait être multipliée par quatre. Trouver des utilisations novatrices du plastique deviendra un impératif de santé publique.
En 2019, l’UNICEF a pour objectif de recycler 4 800 tonnes de déchets plastiques par an, de construire 30 salles de classe qui accueilleront 1 500 enfants, d’autonomiser un millier de mères qui vivent actuellement dans la pauvreté en instituant un marché officiel du recyclage et d’étendre cette action à trois autres pays. Mais il faut pour cela que l’équipe de l’UNICEF en Côte d’Ivoire puisse mobiliser les fonds nécessaires pour faire construire une usine qui fabrique les briques sur place (au lieu de les faire venir de Colombie).
Retrouvez plus d’initiatives de l’UNICEF sur son tout nouveau site internet : https://www.unicef.org/cotedivoire/
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