La politique est un jeu. Un jeu d’alliances qui se font et se défont au gré des intérêts. Bien naïf est celui qui s’en offusque. Ce qui est dit n’est jamais dit indéfiniment. Ce qui est uni peut-être désuni à tout moment. Accords et désaccords sont les deux faces d’une même pièce. Ce n’est pas jusqu’à ce que la mort nous sépare mais jusqu’à ce qu’un intérêt plus grand émerge et balaye toutes les ententes préalables.
La politique est un jeu d’intérêts. Tant qu’il s’agit de l’intérêt de la Nation, ça va. Mais c’est souvent chacun pour soi et Dieu pour la Nation. Ce Dieu à qui on doit demander la pluie, quand l’eau manque dans les robinets. Vous vous en souvenez ? L’intérêt,il est personnel, puis familial, puis politique, puis ethnique…
La politique est un jeu ethnique. Comme les parentés à plaisanterie on se titille, on se taquine entre adversaires. On se lance des piques pour pimenter le jeu, satisfaire le public, entendre ses ovations, ses cris, ses encouragements. Mais il ne faut pas oublier que dans l’arène, le peuple demande juste du sang. Il lui importe peu que ce soit le gladiateur qui pourfende le lion, ou l’animal qui étripe l’homme. Bien sot est celui qui se laisse distraire par ces bruits et va jusqu’à donner des coups en dessous de la ceinture. Le peuple est versatile. Un jour il vous porte à dos d’âne, étend des pagnes sous vos pas, vous accueille à coups de « Hosannah » et de danses de rameaux. Un autre jour il vous crache dessus, vous frappe, vous humilie et scande « crucifiez-le ! ».
La politique est un jeu de dupes, entre le peuple et les aspirants aux postes électifs, entre les partis politiques. On fait l’âne pour avoir le foin. Puis on fait le loup pour dévorer le berger. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Alors un tien vaut toujours mieux que deux tu l’auras. On prend le pain et la sardine avant de s’engouffrer dans un car pour gonfler les chiffres des personnes présentes à un meeting dans une localité où on ne votera pas. On prend le poste qu’on nous propose et on engrange le plus de fonds possibles parce que nul ne sait de quoi demain sera fait, même si on ne croit pas ou plus aux idéaux défendus.
La politique est un jeu d’influence. On veut montrer qu’on en a une plus grosse que ceux d’en face. Une plus grosse machine que l’on met en marche pour écraser tous ceux qui ont le malheur de vouloir s’opposer à nos objectifs. Parfois la machine prend du sable, l’engrenage perd de l’huile et le tout explose à la figure de ses propriétaires. Tel est pris qui croyait prendre, dit-on chez nous à Cocody.
La politique est un jeu de mémoire. Une mémoire qui ne doit pas être sélective. Il faut se rappeler que les mêmes causes produisent les mêmes effets et mettre fin aux discours haineux, à la propagande oiseuse, parce que ce jeu est aussi celui de la stabilité, de la quiétude, de la vie de millions de personnes.
Faisons attention à la manière dont nous traitons ceux que nous laissons derrière nous lors de notre ascension vers des lieux élevés. Il n’y a rien de définitif. Et ce sont ces mêmes personnes que nous retrouverons quand viendra l’heure de la chute.
Un sage a dit « ce qui a tué Macloco, tuera Maclaca ».
Photo d’illustration prise sur la page de l’humoriste Wayou.
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