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Et si on argumentait au lieu d’insulter en ligne ?

Se connecter à internet devient de plus en plus aisé. Les coûts pour accéder aux réseaux sociaux sont réduits régulièrement, permettant à un grand nombre de pouvoir publier du texte, des photos ou des vidéos. Aujourd’hui plus besoin d’un ordinateur. Les téléphones les plus basiques permettent par le biais de codes de publier en ligne. Et tout ceci fait souvent oublier à certains que ce qu’ils diffusent sur internet est livré au monde. Par leurs écrits, leurs vidéos, même ce qu’ils choisissent d’aimer ou partager, ils oublient qu’ils dévoilent un peu de leur personnalité, leurs croyances, leur éducation. Ils oublient que les règles de savoir vivre qui prévalent dans le monde physique ont aussi leur place dans le monde virtuel.

Il y a une tendance à l’injure gratuite et systématique qui m’écœure. Je l’observe surtout chez les ivoiriens, puisque ce sont eux que je suis le plus sur les réseaux sociaux. C’est à croire qu’il y a un prix pour celui qui se montre le plus impoli, le plus grossier ou vulgaire. Le monde réel est plus petit qu’on ne le pense. Un adage dit que seules les montagnes ne se croisent pas. Les insulteurs publics doivent prendre conscience qu’ils laissent des traces derrière eux et que demain ils peuvent avoir affaire à ces personnes qu’ils ont jugées bon d’agonir se croyant à l’abri derrière leur écran.

En effet, tout comme la Bible nous dit en Hébreux 13:2 que certains en pratiquant l’hospitalité ont reçu des anges à leur insu, certains en voulant faire de la surenchère en injures ce sont vu fermer la porte d’emplois valorisants et ont été retirés de listes d’opportunités qui ne se présenteront plus.

Celui que tu insultes en ligne aujourd’hui peut être ton futur employeur, ton futur beau père, ton futur médecin, ton prochain enseignant. Le monde est incroyablement petit. Comme le coupable oublie toujours et la victime presque jamais, tu seras surpris de récolter ce que tu as semé. Les plus cléments t’expliqueront la raison pour laquelle tu n’as pas obtenu ce que tu désirais. Les autres te laisseront à tes doutes et tes supputations. C’est triste de voir des internautes prolixes en ligne devenir muets quand ils rencontrent la victime de leurs campagnes de dénigrement. La honte sur leur visage. Le regard fuyant. Evitons de nous retrouver dans de telles postures.

Il faut faire attention et savoir raison garder. Je crois fermement qu’on peut ne pas partager l’avis de quelqu’un tout en restant poli. Je crois qu’on n’est pas obligé de répondre à l’injure par l’injure. Face à un insulteur qui refuse de faire preuve de bonne éducation et de prendre conscience, utilisez le bouton « bloquer ».  La violence verbale et écrite, tout comme la violence physique doivent être bannies de nos habitudes et de notre espace.

Faut-il donc éviter de contredire les gens ou de critiquer de peur de se voir refuser une opportunité ?

Laissez-moi vous conter une anecdote. J’ai appris il y a quelques mois que la Directrice Générale d’une structure, dont j’avais critiqué les pratiques sur internet, était fâchée contre moi et hésitait à me contacter pour un projet. 3 ans après. J’étais passée à autre chose. Pas elle. Ce que j’avais dit était pourtant vrai. Je n’ai pas insulté sa structure ou ses collaborateurs, juste rapporté les faits, une situation réelle. Mais elle estimait que j’aurais dû procéder autrement. D’un autre côté, j’ai aussi déjà été contactée pour des opportunités par des personnes dont je critiquais négativement les agissements.

Où est-ce que je veux en venir ? Non, nous n’avons pas à devenir amorphes face à l’injustice. Nous n’avons pas à nous museler pour rentrer dans un moule quand on voit quelque chose qui ne nous plait pas. Nous n’avons pas à nous censurer pour ne pas que telle ou telle opportunité nous échappe. Mais nous devons être justes, respectueux, polis, courtois, véridiques. Nous devons avoir un argumentaire structuré, basé sur des faits, si possible avec des preuves à l’appui.  C’est aussi à cela que sert notre passage à l’école et toutes les souffrances endurées avec le raisonnement logique ou encore les dissertations.

Nous devons poser des actes aujourd’hui en nous demandant si demain, nous en serons encore fiers. Ce n’est pas toujours facile. Parfois la goutte d’eau fait déborder le vase et nous sommes pressés de déverser notre ras-le-bol en ligne. Mais, comme l’on recommande de tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler, il faudrait peut-être désormais tourner 7 fois ses doigts avant d’écrire.

Hier encore je voyais la publication d’une dame dans mes amies Facebook. Elle interpellait publiquement une autre dame, faisant également partie de mes amies Facebook. La bagarre impliquait le mari de l’une. Des noms d’oiseaux ont été employés. Des paroles graves ont été proférées sous nos yeux spectateurs. La publication a été supprimée. Et les captures d’écran ?

Supprimer quelque chose est tellement difficile sur internet qu’il est préférable de faire le contrôle en amont, avant de publier. Ne publiez pas si vous êtes sous le coup d’une forte émotion : trop content, trop en colère, trop ému. Internet est un couteau à double tranchant. Il peut être positif ou négatif selon l’usage que l’on veut bien en faire. Utilisons cet outil avec responsabilité. Défendez vos positions avec élégance et assumez ce qui viendra. Et si jamais vous faites une erreur, il n’y a pas de honte à s’excuser.

Pour finir, à tous ceux qui se moquent bien des conseils figurant dans ce texte, à tous ceux qui ont décidé volontairement de choisir l’injure comme moyen d’expression, sachez que la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité est aussi compétente pour les plaintes de diffamation, harcèlement, injure et autres en ligne. Ici aussi, l’injure est punie par la loi.

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