Cgeci Academy

Ouverture de la CGECI academy 2018 au Sofitel Ivoire

L’Afrique si riche en ressources naturelles et en matières premières ne récolte qu’un infime bénéfice de l’exploitation de ses richesses. Pourquoi? Parce qu’elle les vend sans valeur ajoutée. La Côte d’Ivoire par exemple, premier pays producteur de Cacao au monde, avec 40% de la production mondiale s’en tire avec moins de 4% des bénéfices générés par le chocolat. La problématique de la transformation est réelle. C’est sans doute ce qui a poussé les organisateurs de la CGECI Academy 2018 à choisir le thème « Cap sur l’industrialisation : un défi pour tous. ».

La 7e édition de la CGECI Academy a ouvert ses portes ce 25 Septembre 2018 au Sofitel Hôtel Ivoire. Pendant deux jours des panels, ateliers, pitchs permettront aux participants de s’instruire et réfléchir sur les questions liées à l’industrialisation de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier.

Contraintes de temps oblige, j’ai décidé de participer aux séances de la matinée. J’ai donc pu assister à 3 allocutions, une conférence inaugurale, un focus sur l’Afrique du Sud et enfin un panel de haut niveau sur la thématique générale.

Des avancées notables mais insuffisantes

Monsieur Jean Marie Ackah, Président du Patronat Ivoirien a démarré la série d’allocutions. Il a remercié le gouvernement pour les nombreuses initiatives en faveur du secteur privé. Il a évoqué entre autres :

-la redynamisation du dialogue public privé avec la réactivation du comité de concertation Etat/secteur privé sous l’impulsion du Premier M inistre ;

-la révision du code des investissements ;

-la création de l’autorité nationale de régulation des marchés publics ;

– la révision du code de travail et des codes sectoriels ;

-l’apurement de la dette intérieure et le remboursement des crédits de TVA qui ont permis de soulager la trésorerie de bon nombre d’entreprises.

Il a aussi relevé des freins à l’industrialisation comme :

– le coût élevé des intrants ;

-la faible disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et directement compétitive ;

-l’accès difficile au foncier ;

-les lourdeurs administratives ;

-la politique fiscale pas toujours favorable ;

-les difficultés à investir le marché régional malgré les nombreux accords de coopération et d’échanges ;

-les difficultés d’accès aux sites d’exploitation à cause de la dégradation des routes ;

-la concurrence déloyale des produits issus de la fraude.

Une synergie entre réformes intérieures et partenariats extérieures

Monsieur Souleymane Diarrassouba, Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, a été le prochain à prendre la parole. Il a félicité la tenue de la Cgeci academy. Elle vient à point nommée pour approfondir la réflexion sur le secteur industriel. Il a donné plus de détails sur quelques initiatives du gouvernement en faveur de l’industrialisation.

« L’industrialisation de l’Afrique passe par la mobilisation de partenariat au niveau mondial et le renforcement de l’intégration des économies africaines. » a-t-il souligné.

Une conférence inaugurale de haut vol

Le Professeur Jaume Llopis, Maître de Conférence Management Stratégique IESE Business School a donné la conférence inaugurale avant l’allocution du Président Alassane Ouattara.

Pour Monsieur Llopis, la Côte d’Ivoire doit pouvoir créer des marques fortes que les gens seront prêts à acheter plus cher à cause de sa valeur ajoutée. Il a expliqué le concept de la valeur ajoutée en offrant un T-Shirt aux couleurs de Barcelone, dédicacé par Lionel Messi, au Président Alassane Ouattara. Le T-Shirt en lui-même ne coûte pas plus d’un dollar. Quand il porte les signes distinctifs de Barcelone il est vendu à 110 euros. Quand il porte la signature de Messi, il a une valeur inestimable. Lionel Messi est une marque. Il n’a pas d’usine, il n’a pas besoin d’installer des équipements particuliers, mais il a une valeur ajoutée.

Il a donné le profil des consommateurs aujourd’hui. Ce sont des personnes qui  veulent des produits naturels, sains, bios, précuits ou prêts à la consommation. Même si cela signifie payer plus cher. L’innovation industrielle doit donc aller dans ce sens.

Il a invité également les entrepreneurs à être attentifs  à la sensibilité du marché où ils veulent s’implanter. Beaucoup de multinationales occidentales ont échoué en voulant appliquer la communication de leur pays d’origine aux nouveaux pays dans lesquels elles s’implantent. Chaque marché est particulier. Il faut adapter la communication au consommateur local.

L’allocution du Président Alassane Ouattara

A sa suite, le Président Alassane Ouattara est monté au pupitre. Il nous a fait l’économie des salamalecs de francophones qui consistent à réciter la litanie de titres et hautes fonctions des participants dans la salle. En outre, il a expliqué ses ambitions pour l’industrie en Côte d’Ivoire : atteindre 30% de taux d’industrialisation en 2020 grâce à la transformation de nos matières premières comme l’anacarde par exemple. Nous sommes actuellement à 28%.

Il a rappelé que la Côte d’Ivoire a de belles performances générales. Elle fait partie des 10 économies les plus dynamiques au monde. Si son marché naturel de 25 millions d’habitants peut être jugé faible, la Côte d’Ivoire est membre de l’UEMOA qui fait 100 millions d’habitants et de la CEDEAO qui représente 350 millions d’habitants.

Toutefois, il a admis que nous étions en retard en ce qui concerne les produits manufacturés. Le Président Alassane Ouattara a parlé de deux contraintes majeures au niveau de l’industrialisation :

-la question de l’énergie qui doit être abondante, de bonne qualité et bon marché. Des partenariats publics privés ont été tissés en Chine dans le sens de l’augmentation de nos capacités. Nous voulons passer de 2250 Mégawatts à 4000 Mégawatts en 2020/2021.

-l’amélioration du capital humain, garantie de l’amélioration de la compétitivité. C’est la raison pour laquelle il met tout en œuvre pour ne pas laisser l’enseignement être perturbé dans nos universités et écoles. Il a obtenu la construction d’une demi-douzaine de lycées de jeunes filles et de 3 écoles professionnelles lors de ses voyages.

Après avoir déclaré officiellement ouverte la Cgeci Academy 2018, le Président a cédé son micro à Luvoyo Mato, chargé d’affaires de l’ambassade d’Afrique du Sud en Côte d’Ivoire. Pour rappel, l’Afrique du Sud est le pays à l’honneur pour cette édition.

Un focus sur l’Afrique du Sud, pays à l’honneur de la Cgeci Academy

Le secteur de l’automobile est très dynamique en Afrique du Sud avec de grandes firmes internationales et locales qui fabriquent sur place. Le gouvernement collabore avec les entreprises privées pour maintenir leur compétitivité au plan international. L’agro industrie est également un secteur porteur qui bénéficie de gros investissements locaux et internationaux. Un des éléments clés que l’Afrique du Sud a utilisé pour développer son industrie est la création de zones économiques spéciales dans différentes parties du pays pour stimuler la production et l’emploi.

Un panel de haut niveau

La matinée a pris fin avec un panel modéré par Marc Wabi, DG Afrique de l’Ouest de Deloitte. Il recevait M. Souleymane Diarrassouba, M. Jean Marie Ackah, M. Tidiane BOYE représentant résident de l’ONUDI et le Professeur Jaume LLOPIS .

Je veux terminer sur cette phrase du Professeur Llopis: «  Ce ne sont pas les grandes sociétés qui vont booster l’industrialisation de la Côte d’Ivoire. Ce sont ces milliers de petites sociétés qui peinent à émerger parce qu’elles manquent de soutien.»

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