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Affrontements intercommunautaires à Béoumi

Béoumi. 15 Mai. Affrontement entre chauffeurs de taxi mué en violences intercommunautaires.

Je ne sais pas ce qui s’est passé à Béoumi. Mais je sais que quelque part, dans des cœurs sur notre terre d’ivoire, la haine de l’autre couve encore. On le voit au Centre. On l’a vu au Nord. On l’a vu à l’Ouest…

Je ne sais pas si toutes les images qui circulent sur les réseaux sociaux sont vraies, trop de montages plus ou moins grossiers. Trop d’extrapolations et de falsifications. Mais je sais que dans des esprits, les images encore fraîches d’injustices ont fait taire toute velléité d’analyse. Qui a bu, boira. Toujours les mêmes. Encore eux. 

Je ne sais pas si toutes les versions entendues de l’histoire sont authentiques. Mais je sais que la vérité revêt des couleurs différentes en fonction de celui qui en parle, de celui qui a souffert et en garde encore les stigmates.

Je ne sais pas s’il existe des colères illégitimes, mais je sais que la violence appelle toujours la violence, que le sang a toujours plus soif. Son gargantuesque gosier intarissable ne s’embarrasse pas de qualificatifs futiles comme « innocent » ou « coupable », « Malinké », « Baoulé », « Wê» . Je sais que quand on joue avec le feu, tôt ou tard, on se brûle.

Je ne sais pas si toute une communauté peut être mauvaise, méchante, taillée dans le même moule, sans aucune exception. Mais je sais que même ceux qui ont tété à la mamelle d’une même mère, ceux qui ont été formés du même œuf, ne sont jamais identiques. Chacun est unique.

Je ne sais pas ce qui a pu pousser les Hutus à vouloir exterminer les Tutsis, des gens avec qui ils parlaient, mangeaient, priaient. Comment des maris ont pu livrer leur femme à la mort, des mères leurs enfants nés d’un père Tutsi. Mais je sais qu’une fois que l’autre en face n’est plus considéré comme un humain, mais plutôt comme une nuisance, un animal, on perd notre humanité en lui faisant perdre la sienne.

Je ne sais pas si à Genève, une dispute entre deux personnes peut dégénérer en conflit intercommunautaire. Mais pour nous qui avons un indice de sécurité sensiblement identique au leur, il est triste de voir qu’il faut si peu pour que l’étincelle devienne un brasier. A chaque fois qu’un incident de ce genre survient entre peuples frères, le même choc. Le doute qui s’installe. Sommes-nous en permanence à deux doigts de voir l’autre, si proche, se muer en un inconnu violent? Sommes-nous dans une stabilité précaire? Du jour au lendemain, tout peut-il encore basculer? A l’Ouest? Au Nord? Au Centre? Au sud?

Les Rwandais ont réussi à surmonter leur drame. Pourquoi pas nous?

Je ne sais pas ce qui se passera dans l’avenir. Mais je sais que celui qui sème le vent, récoltera toujours la tempête. Contrer la haine par l’amour. Nous n’avons pas le choix. Tous. Si ce n’est pour nous au moins pour nos enfants.

 

 

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